Sommes-nous sur le point de trouver une solution pour que le projet si ambitieux de Henk Hesselink, chercheur néerlandais, de construire des pistes d’atterrissage et de décollage circulaires voie le jour? Malgré des impacts positifs sur la fluidité et la sécurité du trafic ainsi que sur l’environnement, le projet est enterré depuis 2014. Petit tour de piste pour comprendre les tenants et les aboutissants du Endless Runway.
Une piste à l’allure novatrice
En annonçant, en octobre 2017, une hausse considérable du trafic aérien pour 2036 (7,8 milliards de voyageurs contre 4 milliards actuellement), l’Association du transport aérien international a relancé le débat sur la fluidité des aéroports. Pour Henk Hesselink, chercheur au Netherlands Aerospace Centre des Pays-Bas, la solution ne passe ni par le développement des nouvelles technologies ni par l’automatisation, mais bel et bien par un changement structurel de l’aéroport. Une piste circulaire (3 km de diamètre, 10 km de circonférence et 60 m de large) présente des avantages à plusieurs niveaux. Le principal? Les pilotes pourraient atterrir ou décoller avec un vent toujours de face; fini les vols retardés ou annulés à cause d’un vent de travers ou d’une tempête. De plus, avec trois à quatre avions simultanément sur la piste, la fluidité du trafic serait nettement améliorée. Par ailleurs, en plus d’être ronde, la piste serait inclinée (30 m sur l’extérieur), offrant ainsi tout une série d’avantages : baisse de la consommation de carburant (grâce à l’énergie centrifuge), diminution de l’usure de l’appareil (les roues n’ayant plus à compenser comme dans un virage sur terrain plat), nuisance sonore davantage orientée vers l’intérieur que l’extérieur. Enfin, cette structure accueillerait en son centre tous les bâtiments – accessibles par des souterrains – tels que les hangars, la tour de contrôle, l’aérogare. Toute une innovation… que la Commission européenne a appréciée à sa juste valeur en versant une aide de 400 000 euros. Depuis, le projet a été enterré, mais pour combien de temps?
Piste pavée de bémols et d’espoirs
Cette idée de piste circulaire semble être difficile à mettre en place. Évoquée pour la première fois à la fin du 19e siècle par un Français, elle a été reprise dans les années 60 par un pilote de la marine américaine, R. Conrey, avec le dépôt d’un brevet. En 2014, le projet de Henk Hesselink a été stoppé, notamment en raison du financement et de la nécessité de revoir complètement les procédures de pilotage et la réglementation sur la sécurité. Toutefois, notre chercheur hollandais ne perd pas espoir. Pour cause, ses diverses simulations qui ont permis de tester la gestion du trafic aérien, l’infrastructure et la modélisation de l’avion – en comparaison avec les données du trafic de l’aéroport Charles de Gaulle un 1er juillet (8,9 millions de passagers) – ont été plus que concluantes. Sa prochaine étape? Réaliser des tests physiques sur une piste de voitures avec de gros drones. Idée partagée par Maud Dupeyrat (Office national d’études et de recherches aérospatiales en France), qui pense que la piste circulaire pourrait revoir le jour avec l’émergence annoncée des drones pour la livraison de marchandises. À moins que ce ne soit pour atteindre des objectifs environnementaux (réduction de 50 % des émissions de C02 en 2050 par rapport à 2005) que le secteur aéronautique sortira ce projet du placard.
Quoi qu’il en soit, un projet si ambitieux fait bouger les lignes et, comme le dit Henk Hesselink, le « produit final ne sera pas exactement comme celui défini initialement, mais il contribue à apporter de nouvelles idées à l’aviation ». Son objectif caché serait alors atteint…