Pilote ambulancier. Le pilote d’avion-ambulance est responsable du transport aérien de la population se trouvant en région éloignée et vivant une situation d’urgence. Il doit alors assurer la sécurité, le pilotage et la mise en œuvre des missions de rapatriement vers un hôpital. Dans l’avion, le pilote ambulancier travaille en étroite collaboration avec le personnel infirmier.
Pour en savoir plus, nous avons interrogé Maher El-Moussa, pilote ambulancier de 2008 à 2012 dans le Grand Nord canadien.
En quoi consiste le métier de pilote-ambulancier?
Dans le Grand-Nord, ce sont les cliniques où travaillent des infirmiers qui fournissent des soins de base aux patients. Pour les soins d’urgence ou spécialisés, il existe bien un petit hôpital à Iqaluit mais il offre des services limités. En cas de problème grave (une crise cardiaque par exemple), les infirmiers font donc appel à une ambulance, qui là-bas est… un avion! De l’appel au décollage, il se déroule maximum une heure. L’équipage comprend, en plus du pilote, deux infirmiers, et parfois un médecin si le cas est grave. Il est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. L’avion est une véritable mini-salle d’urgence équipé d’un lit capable de fournir des soins autant à une personne qui vient d’avoir un malaise cardiaque qu’à une femme enceinte prête à accoucher afin de les maintenir jusqu’à l’hôpital le plus proche.
Y a-t-il une formation requise?
La formation est la même que pour devenir pilote de ligne. Il faut d’abord obtenir sa licence de pilote dans une école de pilotage. Puis suivre diverses formations (pour avions multimoteurs, pour vol aux instruments, etc.). Enfin, le métier requiert une formation dans le domaine médical afin de pouvoir aider les infirmiers au sol ou à bord de l’avion.
Quelles sont, à votre avis, les principales qualités que l’on doit avoir pour l’exercer?
- Savoir gérer son stress : un pilote ambulancier vit au quotidien des situations d’urgence. Il doit toujours se dépêcher et n’a pas le temps de se détendre. Aussi, il doit toujours être prêt. Dans mon cas, deux jours avant de prendre l’avion, je vérifiais les conditions météorologiques des diverses régions afin de ne pas avoir de surprises. Ainsi, si j’avais un appel à deux ou trois heures du matin, j’avais déjà un plan de vol.
- Être proactif : il faut toujours être prêt et agir vite.
- Avoir une bonne hygiène de vie et savoir se ressourcer : entre deux appels, on doit être capable de trouver un moyen de reprendre de l’énergie et de se reposer, car on peut repartir à n’importe quel moment. Ce peut être simplement en mangeant une barre énergétique ou en prenant un café. Le métier demande de voler à 80 % durant la nuit, ce qui est éreintant. On peut être amené à travailler 14 heures par jour. Quand l’horaire de travail est de 11 h le soir à 1 heure de l’après-midi le jour suivant, c’est très fatigant.
Quels sont les principaux obstacles auxquels on est confronté?
Les conditions de vol sont souvent plus difficiles dans le Grand Nord que dans le sud du pays. Ainsi, sur les 24 villages du Nunavut, seuls deux présentent des pistes pavées. Toutes les autres sont en gravier. Cela rend les décollages et atterrissages plus délicats. Il faut aussi souvent compter avec de la glace, de la neige, ou des orages. De plus, si un avion reste au sol plus d’une heure à des températures basses (les – 40 sont chose courante dans le Grand Nord), il risque de présenter des risques de gel et de ne pouvoir décoller de suite. Le pilote doit donc en tout temps être vigilant.
Qu’est-ce qui est passionnant dans le métier de pilote ambulancier?
Chaque mission permet de sauver une vie, d’éviter qu’une situation ne tourne mal ou de régler une situation urgente. Le sentiment d’avoir aidé est grand et gratifiant.
Au contraire, quelle est la facette que vous aimez-vous le moins?
Les conditions météorologiques sont très difficiles dans le Grand Nord. Il peut faire jusqu’à 60 degrés en dessous de 0. De plus, l’été, le soleil est là durant 24 heures. Pour dormir, il faut couvrir les fenêtres d’aluminium. L’hiver, c’est le contraire, il fait nuit durant des mois, ce qui peut engendrer une humeur maussade.
Devez-vous faire de la formation continue?
Oui. Tous les six mois, il faut effectuer une formation de deux à trois jours en simulateur. Chaque année, il faut aussi suivre une formation en classe ainsi qu’une formation en soins infirmiers.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite devenir pilote ambulancier?
Pour exercer ce métier, il faut être passionné et prêt à déménager dans le Grand Nord ou dans des régions éloignées. Il faut aussi avoir une force de caractère et faire preuve de maturité pour affronter la rudesse des conditions météorologiques et rester calme durant les situations d’urgence.