L’intelligence artificielle (IA) est bien plus qu’une expression à la mode. Devenue réalité dans l’aéronautique il y a quelque temps, elle se développe de façon exponentielle aujourd’hui grâce notamment à des partenariats avec les universités. Quels sont-ils? Quels sont les secteurs aéronautiques qui profiteront de l’intelligence artificielle? Quels obstacles les entreprises doivent-elles surmonter?
Chercheurs et ingénieurs au service de l’intelligence artificielle
Les entreprises aéronautiques qui ont développé depuis longtemps un cadre de travail, notamment organisationnel et juridique, avec les universités ont une longueur d’avance dans la course à l’intelligence artificielle. C’est le cas de CAE (simulateurs de vols) depuis 15 ans et, plus récemment, de Boeing qui a créé en 2015 avec Carnegie Mellon University un laboratoire de données analytiques aérospatiales. De même, lorsque l’US Air Force se joint en 2016 à Psibernetix et à l’Université de Cincinnati, les résultats sont concluants : Gene Lee, formateur dans l’armée de l’air américaine depuis 20 ans, a été sèchement battu, à maintes reprises, par des avions de chasse pilotés par Alpha, une technique issue des algorithmes de logique dite floue.
À qui profite l’intelligence artificielle dans l’aéronautique?
Les centaines de capteurs dont seront équipés les avions de demain génèreront des quantités d’informations que les algorithmes pourront traiter, comprendre, interpréter. Ensuite, chaque service de l’entreprise pourra en bénéficier. Ainsi, la maintenance ne se fera plus au rythme du calendrier d’entretien, mais sera dictée par les algorithmes qui préciseront quand l’appareil aura besoin d’entretien (sécurité accrue, gain de temps). Entretien qui, soit dit au passage, pourra se faire par drone en 15 minutes, comparativement aux quelques heures nécessaires aujourd’hui. Quant au trafic aérien, l’IA pourra fortement en améliorer la gestion avec, à la clé, une économie de carburant pouvant aller jusqu’à 10 %. Et du côté de la cabine de pilotage? L’intelligence artificielle pourra non seulement améliorer le pilotage automatique en traitant les facteurs d’erreurs humaines (fatigue, stress, surcharge d’informations, formation insuffisante), mais pourra, à terme, être seul maître à bord… Oui, un avion autonome à l’horizon 2025 est dans les projets de Boeing. Il reste quelques années aux passagers à se convaincre d’y embarquer.
Les obstacles liés à l’essor de l’intelligence artificielle
Il se pourrait que le développement de l’intelligence artificielle dans l’aéronautique soit ralenti par quelques obstacles. D’un point de vue juridique, le problème peut être double : une réglementation trop lourde (dans le trafic aérien) qui bride les évolutions technologiques ou un développement tellement rapide (drone) que les entreprises sont face à un vide juridique. Ensuite, l’intelligence artificielle ne pourra s’exprimer pleinement dans les entreprises que si celles-ci opèrent des changements : organisationnels en misant davantage sur la collaboration et la responsabilisation ainsi que culturels en osant la prise de risque – à l’instar d’Elon Munsk pour qui il est important d’oser se lancer et qui voit, dans les échecs de certains de ses projets, une façon d’acquérir de l’expérience à moindres frais. Enfin, la question de la main-d’œuvre spécialisée en algorithmes et mégadonnées est cruciale. Encore inconnu il y a cinq ans, ce profil s’arrache non seulement en aéronautique, mais dans bon nombre d’autres secteurs d’activité, au Canada et à travers le monde.