Les réalités virtuelle et augmentée sont bel et bien passées à la vitesse supérieure depuis le fameux Sensorma des années 60 qui permettait de vivre sa première expérience immersive et l’Eye Tap des années 80 dont le monocle affichait des informations virtuelles. Aujourd’hui, ce marché au potentiel de 120 milliards de dollars trouve une résonnance particulière dans les secteurs de l’aéronautique et de l’aérospatiale. Assemblage, câblage, maintenance, formation… tous les métiers semblent y avoir succombé.
Formation et entraînement
De nombreux équipementiers font appel à cette forme de simulation (réalité virtuelle) pour former leurs pilotes ou spationautes. À titre d’exemple, Boeing va recourir à la réalité virtuelle afin d’enseigner à ses astronautes le complexe fonctionnement de la capsule CST-100 Starliner. Ce procédé est non seulement moins coûteux, mais également plus pratique que le simulateur physique traditionnel (SPT). Les astronautes pourront y apprendre l’amarrage de la capsule à la Station spatiale internationale et se remémorer, une fois dans l’espace depuis six mois, la méthode pour rentrer dans l’atmosphère. De son côté, AFI KLM E&M a travaillé avec Microsoft afin que son casque de réalité mixte HoloLens permette d’offrir à son personnel une formation plus courte et davantage efficace grâce aux réalités virtuelle et augmentée (application d’objets virtuels dans un monde réel). Ainsi, ces technologies permettent aux apprenants de travailler sur un large éventail de scénarios, de pouvoir répéter des mouvements jusqu’à la maîtrise parfaite du geste et enfin de s’entraîner sans risquer d’endommager une pièce ou un système.
Assemblage et maintenance
Les réalités virtuelle et augmentée sont également très appréciées pour le câblage, la détection de pannes des systèmes électriques ou encore pour les opérations de MRO (maintenance, repair and overhaul). Les ingénieurs électriques d’Airbus estiment gagner 25 % de temps sur l’installation des câbles, grâce aux lunettes HoloLens – qui leur permettent de voir les différentes parties d’un faisceau de câbles virtuel superposé sur la partie supérieure d’un avion – et à leur système d’orientation de la réalité augmentée mains libres. L’équipementier Safran, de son côté, a développé une application utilisant la réalité augmentée pour les activités de maintenance des transporteurs et des sociétés de maintenance aéronautique. Plus besoin de désosser un avion au complet pour savoir sur quelle partie du câble long de 70 mètres se trouve le défaut. Avec cette nouvelle technologie, l’emplacement est directement indiqué sur l’écran de l’opérateur, lui permettant alors de ne démonter qu’un seul panneau pour effectuer la réparation. Conclusion, le temps d’immobilisation de l’avion est divisé par cinq… soit une réduction des coûts de maintenance en fin de compte et un gain de temps pour les opérateurs non négligeable (fini les centaines d’heures annuelles passées par personne sur les procédures de maintenance des équipements des aéronefs). Gain de temps que l’on retrouve aussi chez les fabricants de satellites. Grâce à la réalité augmentée, quelques minutes désormais suffisent – au lieu de deux jours – pour assembler un nombre important de composants qui faisaient appel à des techniques de métrologie, d’impression et de découpage.
Comme bien souvent, les grandes innovations technologiques proviennent de l’armée. Les réalités augmentée et virtuelle sont une réponse aux problèmes rencontrés par les pilotes de chasse dans leur cockpit. Alors, peut-on s’attendre à ce que le tout dernier projet de la Nasa – la station spatiale virtuelle –, qui vise à améliorer l’état mental des astronautes, ait des répercussions sur le traitement de la santé comportementale de l’homme?