Entrevue avec Laurence Marin, directrice générale du Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées (ROSEPH).
Le télétravail bénéfique pour certaines personnes en situation de handicap
La pandémie a révolutionné le monde de l’emploi. Le télétravail est désormais la norme pour un grand nombre de postes. Les personnes en situation de handicap profitent-elles de cet essor du travail à domicile?
« Le télétravail a été imposé à beaucoup de travailleurs, y compris aux personnes handicapées. Certains gestionnaires ont constaté qu’on peut être aussi performant à domicile que dans un bureau dans certaines professions », indique Laurence Marin, directrice générale du Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées.
Pendant la pandémie, certains enjeux d’accessibilité ont disparu. « Le problème majeur de notre clientèle est que nous devons mettre en place un accommodement. Cette fois-ci, les personnes en situation de handicap ne se sont pas senties différentes. On a tous dû s’adapter au télétravail. »
La généralisation du travail à domicile a été bénéfique à bien des égards. « Il y a une ouverture d’esprit qui s’est faite […]. Le télétravail est devenu la norme et plus une exception. Cela a profité aux personnes handicapées, qui ont désormais plus de chances d’intégrer le marché du travail », ajoute Laurence Marin.
Les conditions de travail sont bien meilleures pour certaines catégories de personnes. Celles atteintes de déficiences motrices gagnent du temps en travaillant à domicile et ressentent moins de fatigue. Pour d’autres, un environnement calme est préférable pour réaliser des tâches exigeantes, selon la directrice générale.
La formule hybride, une solution pour certains handicaps
Le travail hybride – télétravail et travail en présenciel – aurait un effet positif pour des personnes qui rencontrent des difficultés à l’embauche, selon un récent rapport de Deloitte Canada intitulé Réussir la mise en place du travail hybride : créer et maintenir une croissance économique inclusive au Canada.
Cette formule sert « de catalyseur pour supprimer les obstacles auxquels les groupes sous-représentés devaient auparavant faire face sur le marché du travail ».
En outre, cette forme d’organisation du travail pourrait aussi « ouvrir la porte à des milieux de travail plus inclusifs qui acceptent des styles de travail et des mesures d’adaptation différentes ».
Le télétravail ne convient pas à tous les types de handicaps. « La formule hybride est idéale pour une personne qui ne supporte pas l’isolement ou ayant des difficultés d’organisation qui nécessitent un encadrement », conclut Laurence Marin.